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Démarche Artistique

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Mes créations ne sont construites que de mes expériences. C’est une petite photo familiale, à une époque où celle-ci était encore rare et posée qui en a déterminé la direction car c’est autour de situations communes que je propose une matière à penser pour des concepts tendant à brouiller les pistes de notre existence. Ayant la conscience d’y voir au-delà, je ne cherche cependant qu’à en esquisser les remèdes. Comment parler de mysticisme sans dieu ni loi mais non sans éthique. Que peut-on approcher de ce brouillage de pistes des puzzles bien construits que j’ai fait sauter dans cette œuvre « L'Enfant aux Nœuds » dont aujourd’hui la violence me semble primitive.
Mes propositions sont mises en relation avec des matériaux dont je ne choisis pas la spécificité. Le sujet m’imposant son médium, si je n’en connais pas sa technique je l’apprends. Je m’oblige alors à une qualité d’exécution que je puise chez les maîtres anciens et que je réinterprète avec les outils actuels.
Il y a de l’obsession dans cet acte, gestes répétés, ritualisés, abordé dans cette vidéo Le Lavant-lavé ou Le Lavé-lavant, présentée en trois projections simultanées et décalées dans le temps. Si la mise en œuvre est au départ absolument cadrée, je ne cherche pas l’accident que Marcel Duchamp appelait le « coefficient d’art » ici je provoque la matière que je sais généreuse mais intraitable. Je cherche l’épure au-delà de toute raison proche de l’obsession, une joute amoureuse et sensuelle. C’est ainsi que La Table est née de près de 500 prises de vues argentiques que je développais bobine par bobine (Temps de respiration et de révélation). En règle générale je viens à bout d’un projet après deux ans de travail assidu, afin de toucher du doigt ce moment où il n’y a plus aucune résistance entre matière et esprit. Là le travail est accompli.

Entre le doigt dans le nez de L’Enfant aux nœuds et La Table brisée, il n’y a en définitive qu’une matière expansée pour une idée ex-pensée.
Et c’est ainsi que tout au long de mon parcours d’artiste, j’ai abordé la violence et ses fondements. J’ai brodé les non-dits des visiteurs sur une Robe aux secrets. J’ai inlassablement répété par la mise en scène du soin, les gestes de la réparation.
Demain me sera-t-il possible de montrer cet être que nous ne sommes pas encore, mais que je vois si nettement aujourd’hui ? Celui que j’ai concocté dans ma petite cervelle d’enfant en observant, cachée, dans le commerce de ma mère, d’un côté le monde des femmes de l’autre le monde des hommes.

Verse 2020

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