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Les Embaumés...

Sculptures cousues sur toile  1,70m.
Terre/Cire/filasse
Cheveux/Papier
Pigments/Charpie de draps.

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Lettre à L'Embaumé

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Ton corps calciné fut ton ultime désir. 
En ne voulant pas de sépulture, tu as refusé les rendez-vous posthumes de ceux qui t’aiment. Tu ne voulais pas que l’on pleure sur ta pierre. Pas de larmoiements, je t’entends le dire.
C’était pour la première fois mal me connaître, mal savoir que je trouverais des chemins de traverse car j’ai besoin de plus que de ta poussière.
Mon manque allait au-delà de ta perte, il me fallait approcher ton immobilité afin d’avoir ce temps, ami, pour me faire maîtresse de ta destruction et lentement m’habituer au meurtre.
De ces heures complices, m’instruisant, à petites aiguilles, de ta fin et de la nécessité de mon assassinat.
Les vers blancs ont moins de radicalité que le feu, il n’y a pas de corps à courber, les bras chargés de fleurs, la bouche chargée de mots.
C’est ta roideur inconnue que je revendique.
C’est ton horizontalité que je revendique.
Ta chair violemment escamotée m’interdisait ce fantasme.
Cet interdit fut mon déni, sa mise en œuvre mon espérance.
Trois années après ton incinération, je formais tout ce que tu m’avais  laissé  paraître de toi.
Je bénissais mon état de sculpteur, pour la docilité de ma main à reformer ta matérialité.
Mon ventre mesurait le vide, mais je savais en combler l’écho de ficelle et de boue.
Et tu fus là de nouveau, transfiguré mais palpable.
Dans un délire de liberté enfantine, j’exultais aux miracles de mes mains, je dansais, je devenais aérienne. Je fus dans la merveille.
J’ignorais alors – et cela n’aurait rien changé sans doute- que mettre le fruit de ma douleur en pratique, serait une démarche risquée.
On m’a verbalement agressée pour çà, brandissant mille arguments sur la présumée perfidie de mon acte. L’on sait encore aujourd’hui savamment en démonter la macabre entreprise dans son escamotage mortifère.
On peut me haïr pour la persévérance de mon audace. Je suis intouchable.
Car ce fut un acte d’amour et de survie, d’une vérité trop purement instinctive pour le soumettre à la censure. Mais ai-je à me justifier ?
Aller au-delà du sens commun est mon travail quotidien, ce n’est pas un but, c’est un état et dans l’instant ce fut un enchantement, plus que çà, un passage obligé, quand au hasard d’une photo inversée, les embaumés m’ont ouvert la porte splendide, pour y voir les hommes.
Ceux qui ne sont pas morts mais naissants.

Les hommes en fleurs
Les Blossoming men                                                                                                              Verse 2005

 
                                                            

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